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TRIBUNE | En 2024, ne confondez plus RSE et impact !


 Dans une tribune exclusive pour Forbes France, Sabrine Aouida, cofondatrice de Weefin et ancienne analyste à l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), aborde la difficulté de définir la notion d'impact dans le contexte d’entreprise. Avec la multiplication des cadres d’évaluation, les entreprises sont souvent confuses, retardant leur passage à l’action. Voici ses conseils pour distinguer impact et responsabilité sociétale des entreprises (RSE), ainsi que des lignes de conduite pour éviter l’"impact washing".

Impact vs RSE

Il est crucial de comprendre que l'impact et la RSE sont des concepts différents. La RSE concerne principalement les pratiques internes de l’entreprise, alors que l’impact fait référence à sa raison d'être. Une entreprise à impact intègre les enjeux sociaux et environnementaux dans son modèle économique, de sa conception à son exécution, en prenant en compte toute la chaîne de valeur. La RSE est donc une composante de l’impact, mais ne le définit pas entièrement. Par exemple, une entreprise peut avoir une mission sociétale importante, mais une gouvernance inefficace peut en détruire le sens. Inversement, une gouvernance exemplaire en parité et diversité ne compensera pas un modèle économique incompatible avec les limites planétaires.

Cadres d’évaluation et indicateurs

L’absence d’indicateurs standardisés et la diversité des cadres d’évaluation compliquent la mesure de l’impact. Des cadres comme les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies sont souvent utilisés pour justifier l’impact, mais ils s’appliquent principalement aux États et grandes multinationales, et sont moins adaptés aux petites entreprises. La mesure de l’impact nécessite des critères précis et adaptés à chaque entreprise. Un cadre méthodologique universel semble utopique, mais des lignes directrices et des garde-fous sont essentiels pour éviter l'impact washing.

En France, un cadre méthodologique de place a été créé pour offrir un équilibre entre guidance, incitation et flexibilité dans le choix des méthodes et des indicateurs de mesure. Trois notions clés y ont émergé :

  1. Intentionnalité : L’expression claire de la volonté de l’entreprise à générer des bénéfices sociaux et environnementaux.
  2. Mesurabilité : Des critères d’évaluation précis et définis au préalable pour évaluer concrètement les impacts.
  3. Additionnalité : La part de l’impact qui n’aurait pas eu lieu sans l’activité de l’entreprise.

Matérialité et types d’impact

La notion de matérialité, bien que non indispensable, peut aussi être prise en compte. Une entreprise reboisant des écosystèmes peut plus facilement justifier de son impact qu’une startup technologique visant à résoudre des problématiques systémiques. Cependant, toutes les initiatives ne doivent pas être jugées uniquement sur leur tangibilité apparente. L'impact n'est pas réservé aux entreprises de l’économie sociale et solidaire ; les entreprises technologiques facilitant la transition, tout en étant elles-mêmes actrices du changement, jouent également un rôle crucial.

En résumé, pour prétendre être une entreprise à impact, il est essentiel d’adopter une approche holistique et cohérente, en intégrant des pratiques responsables tout au long de la chaîne de valeur et en s’appuyant sur des cadres d’évaluation adaptés. Cela permet de différencier véritablement l’impact de la RSE et d’éviter les pratiques d’impact washing.

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